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← articles plus anciens 22 septembre 2012 , par frédéric potet une année en france, deuxième saison lancée par le monde et lemonde.fr en juin 2011, l’opération une année en france a pris fin avant l’été, au lendemain des élections présidentielle et législatives. vous avez été très nombreux à suivre et commenter l’immersion de huit reporteurs/blogueurs, partis « prendre le pouls » du pays pendant douze mois dans autant de communes françaises : avallon, dunkerque,la courneuve, mézères, montpellier, saint-pierre-des-corps, sceaux et sucy-en-brie. © antonin sabot/lemonde.fr alors qu’un livre – une année formidable ! en france (éd. des arènes) – et qu’un web-documentaire ont été tirés de cette expérience, notre projet se prolonge aujourd’hui sous la forme d’un blog unique et collectif tout simplement appelé une année en france . ouvert aux rédactions papiers et web du monde, ce blog s’est donné pour objectif de parler de la crise et des mutations qui en découlent, tout en faisant la part belle aux reportages et aux portraits. bonne continuation en notre compagnie. publié dans non classé | commentaires fermés sur une année en france, deuxième saison 25 juin 2012 la vie qui pétille par une sorte de fatalité française, de pénible hérédité gauloise, mon séjour à sucy-en-brie et le blog « terminus pavillon » s’achèvent comme ils ne pouvaient que s’achever : une coupe de champagne à la main. des participants à cette petite aventure ont accepté de trinquer au temps qui passe et aux bons souvenirs qui restent. ce blog, un des huit du projet une année en france , conduit par le monde dans une tentative de raconter notre pays à hauteur d’homme, se dissout donc dans des bulles légères et une griserie agréable. puis il va s’évaporer, je suppose, quelque part dans la toile et dans les têtes, comme un vague souvenir. © fabrice gaboriau. « terminus pavillon ». le titre du blog avait un peu heurté au début les habitants qui l’ont découvert. allait-on réduire une fois de plus leur ville à une cité-dortoir, ramener leur vie de banlieusard à l’éternel métro-boulot-dodo ? il a fallu rassurer et convaincre du sens de cette présence, en même temps que du second degré du titre. l’idée était au contraire d’aller traquer dans le fond des maisons du fond de la région parisienne des vies à plein, des coeurs qui palpitent. tirer de l’anonymat des foules qui se pressent dans le rer ou s’embouteillent à qui mieux mieux sur les routes, des personnalités, des êtres de chair et de sang. © fabrice gaboriau. et on en a trouvé de ces gens formidables, plus que le compte, plus qu’une année de réserve ! nous avons également visité une ville qui regorge de bonheur et d’énergie, loin des clichés sur la banlieue pavillonnaire morne et atone. nous avons essayé d’en faire partager quelques tranches. nous voulions également aller à la rencontre des aussi fameuses que nébuleuses « classes moyennes ». nous avons trouvé des cadres moyens, des employés, des retraités. ils se revendiquaient de cette classe moyenne mais était-ce bien elle ? ils se disaient ni à plaindre ni à envier. cela peut-être une bonne définition. © fabrice gaboriau. héler les gens au hasard dans la rue et leur dire : « racontez-vous » est un exercice facile. accepter de répondre à cette injonction, se livrer à un inconnu, même muni d’une carte de presse – surtout muni d’une carte de presse ! –, l’est moins. je tiens à remercier ici tous ceux qui ont accepté ce périlleux défi, tous ceux qui ont bien voulu se dévoiler, au moins un peu, pour faire de ce blog un peu plus qu’un micro-trottoir. tous ceux aussi qui nous ont facilité notre petite quête, donné les bonnes clés, suggéré les pistes judicieuses. dans une carrière de journaliste, dans notre monde de communication, on a souvent affaire à des gens qui ont, d’une manière ou d’une autre, quelque chose à vendre, une carrière à faire, un point de vue à défendre. la relation est intéressée. a sucy, pendant un an, les gens qui m’ont confié des bribes de leur vie autour d’une tasse de café savaient n’avoir rien à gagner et tout à perdre. ils ne cherchaient pas la publicité quand nous sommes venus toquer à leur porte. la relation était gratuite, sans arrière-pensée. elle n’en a été que plus franche et intéressante. de cette année, de la bonne centaine d’articles que j’ai commis, je garde le sentiment agaçant de n’avoir fait qu’effleurer la ville et ses habitants. c’est une belle leçon de modestie. en arrivant, j’avais la peur du vide. en repartant, j’ai la frustration de tout ce que j’aurais encore pu écrire, des mille histoires que j’ai glanées et que je garderai en magasin. j’ai ainsi tiré le fil sans dévider, loin de là, la pelote. peut-être est-elle encore plus emmêlée aujourd’hui, du moins dans mes pensées. © fabrice gaboriau je ne souhaite donc pas tirer de conclusions de mon expérience, puisqu’elle est inachevée, et que le principe était justement de raconter et de ne surtout pas pontifier. les lecteurs qui ont eu la patience de me suivre se feront leur propre idée. certains l’ont déjà exprimée à chaud dans les milliers de réactions suscitées par ce blog. je remercie tous ceux qui m’ont déjà donné leur opinion, qui ont saisi l’occasion de débat que constituait cet espace. je présente mes sincères excuses aux quelques internautes que j’ai odieusement censurés, ces nostalgiques de la kommandantur qui, dans le confort de l’anonymat, ont cru pouvoir dénoncer, insulter, salir des gens qui ont eu le courage de s’exposer, de donner leur nom et de se faire photographier. je tenais tout de même à épingler cette lâcheté qui me dépasse et qui sera le seul point négatif de cette année. mais bon, un rapide calcul me permet de dire que ces personnes censurées ne forment que 10 % des réactions reçues et 0,02 % des lecteurs. pas de quoi désespérer de l’humanité en général et d’internet en particulier. © antonin sabot / lemonde.fr les sujets sur les transports, notamment le rer, ont été particulièrement commentés. s’il en a été beaucoup question dans ce blog, c’est qu’une conversation s’est rarement déroulée sans une digression sur ce thème. je savais le sujet important au quotidien dans cette grande couronne, ce bout de la ligne. je ne me doutais pas qu’il recelait parfois de la souffrance. © antonin sabot / lemonde.fr la grogne contre les retards, la compression, le manque d’informations ne sont que l’expression du non-sens vécu par les usagers. comment ne pas se sentir un peu stupide, quand on est debout, entassé dans un rer bloqué au milieu d’un tunnel, accroché à une barre, sans savoir pour combien de temps ? plusieurs personnes nous ont raconté, avec humour, cette longue parenthèse débile dans la journée, cette interminable transhumance où on devient un mouton. ou un ours. deux, trois, voire quatre heures de « voyage » domicile-travail-domicile est une usure physique et morale. dans le débat politique sur la productivité française, on ne peut faire abstraction de cette question cruciale des transports, oublier cette partie de la france qui part de la maison avant sept heures et n’y revient qu’après 19 heures, en ne faisant officiellement que trente-cinq heures par semaine. beaucoup des sujets traités durant cette année ont été emmagasinés le week-end, le seul moment de disponibilité des interlocuteurs. © antonin sabot / lemonde.fr c’est ainsi. les banlieusards croient choisir leur habitat mais le subissent, affirmait un géographe que nous avions rencontré. la flambée de l’immobilier, largement décrite ici aussi, un urbanisme sans rime ni raison contraignent les populations à vivre toujours plus loin de leur travail. les internautes de province qui nous ont dit avoir renoncé à un plus gros salaire à paris, à plus de création de richesses donc, pour privilégier la qualité de vie, ceux qui ont réagi de l’étranger pour comparer leurs temps de déplacement et leurs modes de vie ont participé à ce débat singulièrement absent de la campagne présidentielle. la dégradation réelle ou ressentie de la q